«Caméra Gréco est une vaste méditation sur l’action d’ouvrir, devoir : ouvrir (les yeux) pour voir, pour ça-voir, c’est-à-dire pour savoir : Eyes wide open !» libr-critique.fr
En peignant, en écrivant, en « peignécrivant », Jacques Cauda actualise L’Origine du monde, de son monde, du notre. De Lascaux à Wetransfer, de Cézanne à Lacan, le plasticien nous téléporte sous la chaleur écrasante de Tolède. C’est là-bas qu’à 23 ans, accompagné de l’énigmatique Marie, il pense mourrir devant le génie du Greco. Marie est tout à la fois la Madeleine de Vertigo et la Jerónima du Greco.
Le voyage commence dans un Paris contemporain où Cauda transpose l’esprit de Courbet à l’ère numérique. Ses modèles ? Des « selfies vulvaires », envoyées via les réseaux sociaux par quelques femmes désireuses de voir leur anatomie en peinture. Par exemple : R., l’iranienne qui, par peur des mollahs, montre son sexe plus que son visage et répond à Cauda qui l’interroge sur le désir qu’elle exprime d’être son modèle : « Je fais l’amour comme ça ! »
« L’âme éveillée » de l’auteur dialogue avec celles de Russell, Alberti, Picasso, Scot Érigène, Rimbaud, Toroni, Derrida, Duchamp, Zuccari, Vasari, Gracian, Artaud, Pascal, Denys l’Aréopagite, Ponge, Nietzsche, Lorrain, Céline, Butler, Flaubert, Proust, Marker, Deleuze, Loyola, Godard, Mallarmé, Sade, Chéreau, Clouet, Le Tintoret, Caron, Eustache, Hugo, Labarthe, Buñuel, Warburg, Aubier, Valéry… pour créer un texte incarné et organique où les fluides corporels jaillissent, suintent, dessinent.
Les immorales Histoire de l’œil et Fenêtre sur cour donnent le ton au peintre-voyeur. Caméra Greco prend alors la forme d’un traité esthétique bataillien et hitchcockien sur la peinture cinématographique, le cinéma pictural.